[Icones]Celles du futur: Hublot Big Bang

Carlo Crocco, né en 1943(52), est un descendant d’une famille qui œuvre dans l’horlogerie en Italie depuis 1906, le groupe Binda (53), qui possède les marques Wyler Vita et Breil (54). Il dessinera sa première montre dès 1967 (55).

En 1980, il décide de voler de ses propres ailes et fonde la société MDM (55)(d’après le prénom de sa femme : Marie-Danièle Montre(56)), et il lance la marque HUBLOT (nom choisit car le design s’inspire d’un hublot de bateau). Cette montre, créée par un vrai designer, s’écarte des standards de la mode, utilisant des matériaux précieux, avec une finition irréprochable. Elle sera proposée uniquement avec un bracelet en caoutchouc naturel, une innovation mondiale dont la mise au point nécessita 3 ans). Ce style particulier, associé au concept de « Fusion »(57), la fusion entre les matériaux, et le confort de porter amené par le bracelet en caoutchouc font que la montre rencontrera un succès immédiat.

Au début des années 2000, Carlo Crocco souhaite prendre du recul pour se concentrer plus sur le design et aussi se consacrer à sa fondation MDM (devenu Main Dans la Main) au profit de l’enfance défavorisée. Son chemin croise celui de Jean Claude Biver, l’homme qui a ressuscité la marque Blancpain et qui a relancé la marque Omega, mais qui avait souhaité prendre du recul. Il deviendra actionnaire minoritaire et PDG de Hublot en 2004(55). Il arrive la tête pleine d’idées pour développer la société et commence avec la création d’un nouveau modèle pour relancer le développement de la marque, ce sera la « Big Bang », présentée en 2005, et qui relance en l’augmentant le concept de fusion, fusion entre les matériaux constituant le boitier (Or, Titane, Fibre de carbone, …)(57). Dirigeant et communiquant hors pair, homme de produit, Jean-Claude Biver va multiplier les ventes de Hublot, s’appuyant sur une politique de sponsoring, de parrainage, et en faisant évoluer régulièrement la gamme pour créer un appel de ses produits. La vente en 2008 de la société au groupe de luxe français LVMH, Jean-Claude Biver restant aux commandes, lui donnera un essor encore plus important, lui donnant les moyens de devenir une vraie manufacture, avec une usine dédiée et un mouvement maison, l’Unico.

Pour les aspects Style et Innovation, Hublot a ce qu’il faut. Pour la légitimité, celle-ci se base sur le passé de Carlo Crocco et de Jean-Claude Biver, plus un gros effort de développement interne. Reste l’aspect « histoire »… Même en accolant son image à des sportifs réputés (Usain Bolt, …) et des évènements mondiaux, il manque encore la charge émotionnelle nécessaire pour faire d’une montre une icône. Finalement, n’est-ce pas encore Jean-Claude Biver le meilleur représentant de la marque et son charisme ne suffit-il pas à générer l’émotion autour de la Big-Bang ? Au sein d’un grand groupe comme LVMH, la marque survivra au départ de celui-ci, mais que restera-t’il de l’élan qu’il a su insuffler? La transition est commencée, Ricardo Guadalupe ayant pris les rênes de la société en 2012 en charge du développement de la marque(57).

La Big Bang restera probablement la montre emblématique de l’ère Biver et la montre du renouveau, mais cela sera-t-il suffisant pour en faire une icône horlogère ? Le temps le dira.